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Rencontrez Rebecca Thomas

9 déc 2022

Lorsqu’on lui demande si elle a toujours eu envie d’écrire, l’autrice mi’kmaq et poète lauréate d’Halifax, Rebecca Thomas, répond que son besoin de coucher les mots sur papier est né d’un désir d’être vue et comprise, de se sentir importante et aimée. Rebecca a grandi dans un foyer instable, entourée de nombreux frères et sœurs. Enfant, elle s’est souvent sentie oubliée. Un sentiment qui l’a profondément marquée et qui la suit encore aujourd’hui, à l’âge adulte.

«J’ai toujours ressenti le besoin d’être comprise, d’être remarquée, qu’on se souvienne de moi. Me sentir aimée a toujours été plus important que le fait d’être célèbre ou de recevoir des prix. Je suis une personne douce et sensible, et j’ai besoin que les gens le voient.»

Sous le signe de la confidence, Rebecca nous explique que plusieurs des thématiques qu’elle explore à travers son écriture reflètent ce qu’elle souhaite plus que tout depuis sa tendre enfance : sentir qu’elle compte réellement, et être traitée avec générosité et bienveillance.

«La plupart des difficultés rencontrées par les autochtones sont dues au fait que les gens ne se soucient pas de nous, qu’ils nous méprisent ou qu’ils ne nous comprennent pas. Je pense que mon travail est un cri du cœur pour dire que nous sommes importants. Nous vivons des émotions, nous sommes sensibles. Nous méritons gentillesse et considération. Mais ce n’est pas un mérite que nous devons acquérir. Nous y avons droit.»

«C’est ce que j’essaie d’exprimer à travers mes poèmes, pour que les gens nous reconnaissent pour ce que nous sommes. Écrire pour démontrer notre humanité, c’est certainement ce qui m’inspire le plus.»

Émouvant et honnête. Ces deux mots s’imposent rapidement lorsque Rebecca décrit son travail. «Je dépose toutes mes émotions sur papier pour que les gens les lisent, les entendent, puissent s’y identifier ou encore s’y opposer. C’est tout simplement moi, racontant ma vie de manière très publique», confie-t-elle.

Son authenticité et sa transparence émotionnelle trouvent écho dans son style d’écriture clair et précis. «Ma poésie est très directe. J’utilise peu de métaphores complexes pour éviter que mon message ne se perde. Je tiens à ce que mes poèmes soient bien clairs.»

Au début de sa carrière, Rebecca récitait ses créations lors de soirées à micro ouvert. C’est pourquoi son écriture est toujours cadencée et ses poèmes, agréables à l’oreille. «Certaines personnes apprennent mieux en écoutant, d’autres en lisant. Si vous pouvez exprimer votre art de plus d’une façon, vous le rendez ainsi plus accessible, permettant à un plus grand nombre de personnes de l’apprécier», explique-t-elle. 

Démocratiser la poésie afin qu’elle puisse toucher un plus grand public est un sujet qui passionne Rebecca au plus haut point. «La poésie, c’est avant tout des gens qui écrivent ce qu’ils ressentent. Vivre ses émotions, c’est fondamental pour l’être humain. Il y a une raison pour laquelle nous avons des sentiments. Et ce que j’ai envie de dire aux gens, c’est que s’ils ressentent quelque chose et qu’ils l’écrivent, c’est de la poésie», affirme-t-elle.

«Cette conception selon laquelle il faut être bon, gagner des prix ou être applaudis, je pense que ça a nui à la poésie. L’idée selon laquelle il faut recevoir des distinctions pour que son travail soit considéré comme important, ce n’est pas vrai du tout», renchérit la poète. «Les gens s’imaginent que la poésie doit être plus que ce qu’elle est réellement. Nous l’avons élaborée et compliquée à l’excès, au point où elle est devenue inaccessible. Mais en réalité, c’est une forme d’art très simple!»

Lorsqu’on lui demande pourquoi, selon elle, la poésie est nécessaire dans le monde, Rebecca nous rappelle que l’art sous toutes ses formes est source de réconfort, dans les bons comme les moins bons moments. «L’art nous permet de mieux comprendre les expériences humaines que l’on vit. C’est un besoin vital. L’art est partout, mais on ne lui accorde pas suffisamment d’importance. Il se faufile dans chaque facette de notre vie. Il est omniprésent. Si quelque chose vous émeut d’une manière ou d’une autre, c’est de l’art!»

"When we were young"

We were all knobby knees and pointy elbows.
Cap gun finger tips loaded with innocence.
Split lips from laughing too big without chapstick.
We always lost those things anyway.

Crooked teeth and crooked smiles.
Both straighten by hard lines and circumstance.

You grabbed onto my hand that day we almost drowned.
I’ve never said thank you.

“I’m rubber and you’re glue”
Shaded skin black and blue.
And I never knew.
Because if I did, I’d have turned my sharp tongue and razor claws into a home.
I would have stood guard while you rested.
Touched each one of my bruises with a knowing understanding while I kept enemies at bay.
Did you know that blood will clot and circulation clears it away?
You just need to give it enough time.
But I didn’t know.
I couldn’t scream with all the wind in my lungs that were well rested and fresh.
I couldn’t protect you with my fists that were deserving of their pound of flesh.

But then something happened.
The ones whose love we tried to push away,
The ones who loved us anyway spoke up.
They said “enough.”
We lowered our cap gun fingers that we’d turned on each other.
We let each piece of armour fall to the floor.
We let joy stretch her wings, even if they were a little sore.
We looked behind us.
Then in front,
We wondered how we managed to bridge the span.
I looked down in awe.
It turns out you had never let go of my hand.
 

Rebecca Thomas s’est beaucoup inspirée de sa relation avec sa sœur pour écrire “When we were young”. La situation familiale difficile dans laquelle elles ont grandi n’a malheureusement pas favorisé un rapprochement entre les deux jeunes filles. En vieillissant, elles se sont retrouvées et jouissent maintenant d’une belle complicité. Dans son poème, Rebecca se remémore un moment marquant de son enfance : lorsqu’elle et sa sœur ont failli se noyer, cette dernière lui a agrippé la main avec force et lui a ainsi sauvé la vie. Avec le recul, la poétesse réalise que sa sœur a toujours été là pour lui tenir la main, mais qu’elle ne le voyait tout simplement pas. “When we were young” raconte cette histoire inspirante de fraternité et de retrouvailles.

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