Cet entretien débute avec un récit captivant : celui de Nakuset, nous racontant comment son nom spirituel lui a été donné.
À l’adolescence et dans sa jeune vingtaine, elle travaillait comme mannequin et fut choisie comme figurante pour jouer dans le film Squanto. Sur le plateau de tournage, elle rencontra un aîné Micmac à qui elle demanda un nom spirituel qui reflèterait son héritage autochtone et la distinguerait des autres mannequins. «Je te vois comme le soleil», dit l’ancien, «car le soleil est fort, et tu es lumineuse. Ton nom sera donc Nakuset.»
Le temps passé avec cette femme remarquable nous a permis de constater, nous aussi, sa force et sa brillance.
Nakuset a fait partie des nombreux enfants autochtones canadiens arrachés à leur famille et confiés au système de protection de l’enfance lors de la rafle des années 60. Une famille de Montréal l’a adoptée. Malgré ses efforts constants pour s’intégrer, le sentiment de ne pas être acceptée ou de n’être jamais assez bien a persisté.
À ses 18 ans, la jeune femme a quitté la maison en quête de ses racines et de son identité autochtone. Visionner des films comme Il danse avec les loups et travailler sur des longs métrages autochtones lui ont fait découvrir l’acceptation, la fraternité et le sens de la famille chez les Premières Nations, des valeurs qu’elle a tant recherchées durant son enfance. Un profond sentiment de responsabilité envers son peuple s’est installé et le besoin d’aider l’a poussée à agir.
Pendant ses études à l’université, elle a commencé à faire du bénévolat au Foyer pour femmes autochtones de Montréal. Dès le deuxième jour, on l’y engageait comme employée et 21 ans plus tard, elle y travaille toujours. Au fil du temps, elle a gravi les échelons jusqu’à occuper son poste actuel de directrice générale. Aujourd’hui, elle a le pouvoir d’apporter de réels changements.
La communauté autochtone est confrontée à de nombreux enjeux sociaux et Nakuset prend le temps de s’arrêter sur chacun d’entre eux. Dès qu’elle cerne une préoccupation, elle s’y attaque, crée des solutions et fonce. Sur la liste de ses nombreux projets initiés au refuge, on retrouve Résilience Montréal, un centre de bien-être pour les personnes itinérantes. Y figure également Iskweu, une initiative visant à offrir une assistance immédiate aux familles et aux proches de femmes et de filles autochtones disparues.
Nakuset nous annonce fièrement le plus récent projet du Foyer pour femmes autochtones de Montréal, sur le point d’aboutir : l’ouverture, en 2022, d’un centre d’hébergement transitoire dédié aux femmes seules et aux familles. Le bâtiment, qui abritera 23 appartements, a été spécialement conçu pour répondre aux besoins de la pédiatrie sociale.
«Je suis profondément convaincue que chacun a un but, une vocation», déclare Nakuset. «On fait ce qu’il nous est donné de faire naturellement. À travers mes années de travail, j’ai découvert mon don. Je suis une bonne conteuse. Je crois qu’il s’agit d’une force et je continue de l’alimenter. En même temps, je suis toujours stimulée. Je ne me laisse pas décourager par le mot “non”. Je comprends que lorsque j’entreprends un projet, il n’aboutira pas en claquant des doigts. Je dis aux jeunes “N’abandonnez pas”. Tout prend son temps.»
CBC Gem lancera bientôt Becoming Nakuset, un documentaire poignant sur la persévérance de cette femme qui a su traverser une enfance difficile et partir à la rencontre de son identité autochtone.
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