Au-delà du cadeau, c'est l'intention qui compte. Voilà de sages paroles qui résonnent durant la période des Fêtes, tout particulièrement pour les sœurs Priya «Contra» et Bhagya «Eboshi» Ramesh du duo expérimental de rap et de trap albertain Cartel Madras. Leurs yeux s'illuminent lorsqu'elles nous parlent du présent qu'elles aimaient plus que tout offrir, adolescentes : une compilation de chansons annuelle préparée avec soin pour leurs amis. «C'était notre façon de clôturer l'année, mais également de partager avec eux ce que nous voulions qu'ils écoutent pendant l'hiver», explique Contra. «Nous jouions les Spotify avant le temps», déclare-t-elle en riant. Comme la populaire plateforme de diffusion en continu, l'attention que les sœurs portaient aux détails allait au-delà de la simple liste d'écoute personnalisée. «Nous créions la couverture, faisions du collage, écrivions une lettre et emballions le tout avec de la ficelle et de la cire à bougie», précise Eboshi. «Nous y mettions vraiment du cœur», admet Contra. «Noël a toujours été une grande célébration chez nous.»
La musique a joué un rôle majeur dans la jeunesse des sœurs, passée en banlieue de Calgary. Cependant, c'est leur amour du cinéma qui a véritablement consolidé leur passion pour l'art musical. Tout comme les personnages d'un film, Eboshi et Contra mènent leur vie sur fond de bande sonore. «Nous avons toujours aimé rythmer notre quotidien avec de la musique d'un peu partout», explique Contra. C'est par ce même souci d'échantillonnage finement maîtrisé que le duo en est arrivé à sa sonorité unique. «Nous voulions jouer dans l'entre-deux — entre le hip-hop et le punk, entre l'électronique et la musique house — et, en même temps, apporter quelques bribes de notre culture d'origine, dans le sud de l'Inde», mentionne Contra. «Nous rapons, mais je dirais que nous empruntons vraiment à différents styles musicaux pour créer un son complètement nouveau.» Leurs chansons sont inspirées de leurs expériences personnelles, des histoires des communautés hip-hop et LGBTQ+, du récit, des arts, de la littérature, du cinéma, et même, de la nourriture avouent les sœurs en riant. «Notre musique reflète notre sens de l'humour, qui figure — je pense — au cœur de notre identité», soutient Contra.
En plus d'être le thème de certaines de ses compositions, la nourriture joue un rôle important dans les traditions festives préférées de Cartel Madras. Les sœurs racontent en blaguant affectueusement que, chaque année, elles cuisinent un repas de poulet rôti pour leurs parents, et qu'inévitablement, ces derniers leur demandent de rectifier l'assaisonnement avec des épices indiennes comme le curcuma et la poudre de chili. Elles organisent aussi un souper de Noël pour tous leurs amis qui ont immigré au Canada de partout dans le monde et dont la famille est demeurée loin. «Quand on n'a pas vraiment de tantes, d'oncles ou de cousins ici, nos amis deviennent nos cousins, et on se rassemble à Noël», explique Contra. Eboshi et Contra se disent toutes deux impatientes de plonger la fourchette dans la purée de pommes de terre, la dinde et la farce. Quelques soupers des Fêtes sont d'ailleurs déjà prévus à leur calendrier dans leurs villes respectives de Toronto et de Calgary.
Quelle sera la trame sonore des Fêtes pour Cartel Madras cette année? Pendant qu'elles aideront leur mère à décorer l'arbre familial de couleurs magnifiquement coordonnées (une autre de leurs traditions annuelles), les sœurs comptent écouter les classiques de Noël de leur mère, leurs propres chansons favorites tirées des albums de Noël de Sufjan Stevens, et peut-être quelques succès jazz de Miles Davis et de Nat King Cole.
Place à la musique : écoutez Cartel Madras
