Printemps 2020. Tous les matins, Charles Bottex promène Cléo, la chienne de sa voisine, sa fille Ariane. Une heure de tranquillité à arpenter les rues et ruelles de Montréal, désertées par les confinés. Ses pas le mènent dans toutes les directions ; du nord au sud, de l'est à l'ouest. Son esprit, lui, vagabonde jusqu'en Haïti.
L'homme adulte et père de famille établi au Québec depuis de nombreuses années se remémore le petit garçon qu'il était jadis, qui adorait lui aussi se promener et flâner dans les rues de son quartier de Cap-Haïtien. «Quand on marche, on pense aussi. Les meilleures sensations viennent de là. C'est des souvenirs, c'est où on s'en va dans la vie, collectivement et personnellement.» Marcher pour le chien, marcher pour réfléchir, marcher pour s'évader, pour chasser la mélancolie…
C'est que les événements bouleversants que l'on connaît bien ont fait resurgir de douloureux souvenirs pour Charles. Le tremblement de terre de 2010, qui a gravement secoué son pays d'enfance, trouve écho chez les victimes d'aujourd'hui qui tombent, cette fois-ci, partout dans le monde.
La douceur et le réconfort, il les a trouvés dans ses promenades quotidiennes, mais aussi auprès de ses proches. Ses enfants, surtout : «J'ai une belle relation avec mes enfants, je les adore! Je le dis souvent, ce sont les deux prunelles de mes yeux!» Il faut dire que son rôle de père, Charles l'a embrassé dès leur plus jeune âge. Il se souvient encore des tresses qu'il faisait à sa petite Ariane métisse, comprenant mieux que quiconque comment coiffer ses cheveux crépus. Au fil des années, une belle complicité s'est installée.
C'est cette expérience personnelle, combinée à un intérêt marqué pour l'être humain, qui a poussé Charles à s'impliquer auprès des enfants et des familles d'origine haïtienne. «Même si j'ai travaillé toute ma vie dans la fonction publique, j'ai un baccalauréat en sociologie. L'humain m'a toujours intéressé!»
À travers son rôle d'accompagnateur, il contribue à faciliter l'intégration et à renforcer les noyaux familiaux de ces personnes. Établir des règles de conduite dans la maison, faciliter l'heure du dodo ou encore inciter les papas à troquer les récompenses matérielles pour des démonstrations affectives envers leurs enfants sont tous des exemples d'interventions qui font une précieuse différence pour ces familles.
«Dans la communauté haïtienne, c'est comme le Québec d'il y a 40-50 ans : les pères sont plutôt absents et l'éducation est très sévère. Aujourd'hui, ils comprennent que c'est différent. On est là pour les accompagner et les aider à s'impliquer dans la vie de famille.»
L'implication sociale de Charles ne date pas d'hier. S'il a plus de temps à offrir maintenant qu'il est retraité, c'est-à-dire depuis une dizaine d'années, ça a toujours été naturel pour lui de prendre part à la vie collective. «Même quand je travaillais, quand les enfants étaient petits, je faisais déjà du bénévolat et je m'impliquais dans ma communauté. […] C'est mon penchant, je suis comme ça. Ça me fait toujours plaisir d'accompagner et d'aider les gens!»
À l'approche des Fêtes, Charles a toujours hâte de renouer avec le plaisir de cuisiner ses traditionnelles tourtières (un peu plus végé ces dernières années!) et de s'installer avec ses proches pour jouer de la musique. «Les fêtes en famille, c'est sacré! Avec la mère de mes enfants, même si on est séparé depuis 26 ans, on n'a jamais manqué un Noël.» Certes, les festivités seront différentes cette année, mais le lien très fort qui unit les membres de cette famille saura triompher!
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