Aller au contenu principal
Membres Les Simons :
livraison gratuite dès 50 $ et retours gratuits (sauf exception)

Blogue

Rencontrez les artisans, découvrez leur savoir-faire, partagez leur passion.

Zoom sur les marques coup de cœur, les histoires inspirantes et nos événements phares.

En vedette

Rencontrez Bertrand Bickersteth

15 déc 2022

Qui est Bertrand Bickersteth?

Il est poète, professeur et orateur. Il est penseur, lecteur, explorateur d’idées et d’esprit. Le sien, d’ailleurs, va à cent à l’heure. Lui-même le reconnaît et le salue. «My mind is my friend», dit-il si bien. «Je me sens rassuré par la présence de mon esprit».

Bertrand est également Noir, Albertain et de descendance sierraléonaise. Il y a bien des réponses à cette question, mais si tant est qu’il en existe une «bonne», celle-ci se trouverait au cœur de sa poésie.

«L’un des sujets centraux de mon travail est celui de l’identité. Mes parents sont immigrants, et cela a joué un rôle considérable. Grandir avec le sentiment d’appartenir à un certain endroit, mais être entouré de personnes qui nous font ressentir tout le contraire soulève bien des questions. Où est ma place? Qui suis-je vraiment? Bien entendu, si l’on a l’impression de n’être ni d’ici ni d’ailleurs, ces questions identitaires et d’appartenance se poseront toujours.»

La poésie l’a grandement aidé à faire la paix avec qui il était. «Plus jeune, une partie de cette difficulté avait à voir avec le Canada en soi. Le Canada disait à tout va qu’ici, il n’y avait pas de racisme - le racisme est américain! Je vivais du racisme, mais le monde autour de moi disait "Ce n’est pas ce qui t’est arrivé", alors j'étais confus.»

«Mon art a été une façon trouver ma place. Non seulement pour revendiquer un lieu d’appartenance, mais pour comprendre littéralement qui j'étais et en quoi j'appartenais à cet endroit.»

Quand on lui demande de décrire sa pratique artistique en trois mots, Bertrand rit. «Je ne peux n’en choisir que trois! C’est tellement difficile, surtout pour un homme de mots.» Finalement, le poète se résout à cinq : éparpillée et spontanée ainsi que race, place, histoire.

«Il ne s’agit pas seulement d’examiner le passé et d’identifier ce qui s’y est déroulé. Une poignée d’hommes blancs puissants ayant conquis des peuples? Ce n’est pas ma vision de l’histoire. Pour moi, il s'agit plutôt de revisiter le passé, de déterrer ce qui a été dissimulé, caché, puis de le faire revivre et de le partager; de montrer en quoi nous sommes liés à ces choses oubliées et perdues.»

Parfois, la structure même d’un poème peut être révélatrice. «Cette question d’identité, particulièrement ici dans l’Ouest, a longtemps porté sur l’absence de l’histoire Noire, l’absence de présence Noire, et la forme poétique peut suggérer ces absences», explique Bertrand.

«Elle le fait magnifiquement bien et de manière concrète sur la page. L’essence du poème traditionnel réside dans les vers : ceux qui ne couvrent pas la page entière, ceux qui sont souvent abrégés. On se retrouve avec tout un espace ici, d’autres entre les strophes. Dans ces intervalles, il manque des éléments, et beaucoup de mes poèmes explorent ce rapport avec mon intégration en tant qu’absence dans l’Ouest.»

La poésie est-elle nécessaire en ce monde?

«C’est une question importante. Et la réponse est oui. La poésie nous aide à percevoir les choses différemment et je crois que c’est indispensable à notre époque. Aujourd’hui, tout le monde considère tout savoir et pense que les autres ne comprennent rien. Il y a en chacun de nous cet instinct à vouloir être du côté du bon et du juste et si quelqu’un n’est pas d’accord avec notre point de vue, c’est qu’il est du côté du mal

«J'estime que les pouvoirs de guérison de la poésie ont le potentiel de nous défaire de ces idées. Mon engagement personnel avec l’écriture, c’est de repenser qui je suis, de me mettre au défi et de me remettre en question. La poésie me le permet, nous le permet.»

«Nous regardons quelque chose que nous pensons connaître, et un poème peut le renverser, le tordre ou l’éclaircir au point que ce quelque chose nous apparaisse bien différent. Ça a d’importantes vertus guérisseuses pour le monde, et je n’avance pas seulement ça parce que je suis poète. Je crois vraiment que c’est précieux.»

Black Maids, 1919

Black maids dotted the prairies a pandemic ago,
in your hotels, on your trains,
throughout your homes,
carefully handling unsupervised hankies
and undiscarded medical masks. But
you’ve never heard of them,
can’t commune with these
Wonderwomen of Wetaskiwin or Winnipeg,
don’t believe in these
startling marvels of history,
the fairytale of their fact,
an unbearable wonder to you.

I want to return to the way things were
but there is a gauze between us,
a film of water that resists my touch
surrounds our relating in a mystifying murk.

You, my closest
friend among closest friends,
explain, “Well, it’s not really hair
you have. It's more like sponge or something,
I dunno." Well, me too, I dunno
how to be seen as anything beyond
the wooliness of your wonder.

So, at the landscape’s ledge,
I let myself drop, leaden,
a stupid star plunging into its own
gravity well and, well,

it's not really air.

I'm not really plummeting
into a prehistoric ocean,

its confusion of darkness,
its unreal cold.
I’m not really
helpless to two million years

of Pleistocenic pressure
on my skull,
edging me toward the inevitable burst

of rage.

Instead, a lightness comes over me.
I breathe in the amnios of
future flatlands as my foot touches
the spongy bottom.
This germinal prairie, this pristine plane,
is not yet littered
with white people’s messes.

Drink it in: can you perceive these unremarkable
facts of the future?

The unnamable schools of fish rehearsing
their beauty for fossils?

The incipient soil floating
its beauty like solar dust?

The Black mermaid, atramentous eyes blinking
back at you in wonder?

Lors de la composition de ce poème, Bertrand Bickersteth pensait aux difficultés auxquelles nous avons fait face durant les deux dernières années. Il voulait notamment explorer sa soif d’un retour à l’innocence antérieure à cette période. Plus il songeait au passé, plus il songeait à l’histoire, et plus il était compliqué pour lui de trouver une forme d’innocence dans laquelle prendre position.

Il a opté pour celle des femmes de chambre Noires durant la pandémie puisqu’elles répondaient à son désir de faire table rase des histoires cachées, du racisme des Prairies et de l’innocence trompeuse. Ce poème est divisé en deux visions du passé : la douleur causée par l’incompréhension de l’histoire et l’émerveillement des débuts, lorsque tant nous échappait encore.

Découvrez l'univers de Bertrand Bickersteth :

Son site Web (en anglais)