Alors qu’elle côtoie artistes et célébrités de New York, de San Francisco et de Paris, Frida ne se conforme jamais aux tendances ambiantes. L’esprit libre attire l’attention avec son style bohème et ses tenues excentriques à des lieues des robes satinées de l’âge d’or d’Hollywood érigées en norme. Celle qui va même jusqu’à falsifier sa date de naissance pour la faire concorder avec le début de la révolution mexicaine reste, par amour de sa terre natale, fidèle aux pièces traditionnelles.
La mode thérapeutique
À ce geste d’affirmation politique se superpose un acte de résilience. La peintre choisit et agence ses vêtements afin de souligner ses atouts et de cacher ses défauts. Ses robes drapées frôlant le sol dissimulent son corps meurtri et ses appareils orthopédiques. Ses blouses amples masquent sa poitrine comprimée par ses corsets, alors que les couleurs vives, bijoux et fleurs mettent en exergue ses yeux, sa chevelure et son port altier.
À la fatalité de la maladie et des accidents, l’artiste répond par l’action, la création. Ses corsets, objets de douleur, deviennent des œuvres. Elle les peint pour en faire des ornements, invente la beauté là où sévit la souffrance. Et plus Frida souffre, plus elle compose des tenues luxueuses, enrichies d’accessoires foisonnants qui lui confèrent la prestance d’une princesse aztèque. La mode lui offre un certain contrôle sur son corps. Elle s’en saisit pour créer une image emplie d’élégance, de force et de noblesse.